mercredi 2 février 2011

Leïla Ben Ali Biographie


Famille et jeunesse

Fille de Mohamed et Saïda Trabelsi et seule fille d'une fratrie de onze enfants (selon les sources elle aurait également des sœurs6), elle grandit selon Jean-Claude Péclet dans un quartier pauvre de Tunis situé au cœur de la médina7,8. Pour Marie Desnos, se basant sur l'ouvrage La Régente de Carthage, main basse sur la Tunisie, elle grandit à Khaznadar, près du Bardo, dans la banlieue de Tunis. Une fois le brevet en poche, elle suit une formation pour devenir coiffeuse6,2. Réputée selon Desnos pour être une fêtarde aux mœurs légères (surnommée « Leila Gin »), ses rencontres déterminent son parcours : elle fait la connaissance à l'âge de 18 ans, dans un salon de coiffure, de celui qui va devenir son premier mari, Khelil Maaouia, alors patron de l'agence Avis sur la route de l'aéroport9, dont elle divorce trois ans plus tard7. Selon le site de la présidence de la République8, elle poursuit des études secondaires au lycée de jeunes filles de Montfleury à Tunis, pour ensuite effectuer des études supérieures à la faculté des lettres de Tunis d'où elle sort diplômée en lettres modernes. Pour Khaled Nasri, elle ne passe le baccalauréat par correspondance qu'au début des années 2000 et aurait obtenu une maîtrise de droit de l'Université de Toulouse, également par correspondance2.
Leïla Ben Ali aurait également eu une liaison avec un industriel, Farid Mokhtar, beau-frère de Mohamed Mzali, mort des années plus tard suite à un accident de la route jugé « mystérieux » par le journaliste suisse Jean-Claude Péclet, Mokhtar étant alors « pris dans une lutte de pouvoir contre le clan Ben Ali »7.

Première dame de Tunisie

Jean-Claude Péclet rapporte qu'elle aurait effectué « de petits trafics douaniers » ; il semble qu'elle ait été arrêtée et aurait alors rencontré le ministre Ben Ali, alors en poste à la Sûreté nationale2, au milieu des années 1980. En 1986, elle donne naissance à leur première fille, Nesrine2. Devenu président en 1987, il divorce de sa première épouse Naïma Kefi, un an après, puis se remarie avec Leïla en 1992 qui lui donne une seconde fille, Halima, la même année.
Ses activités à la tête de l'association caritative Basma, qu'elle dirige depuis sa fondation le 7 mars 200010, sont très médiatisées par le pouvoir tunisien, et ses prises de paroles plus fréquentes : présente à toutes les cérémonies officielles, elle lit parfois des discours à la place de son mari2. Par ailleurs, elle accompagne souvent celui-ci lors de ses visites officielles dans les pays étrangers8. En 2003, elle effectue un pèlerinage à La Mecque accompagnée de ses deux filles8. Elle participe notamment aux activités des associations SOS Gammarth ou Al Karama8.
Elle est choisie « personnalité mondiale de la famille » pour l'année 20008. Durant l'année 2003, elle est aussi choisie « personnalité de l'année », par la revue russe Le Monde de la femme, « pour sa contribution active à la promotion de la vie sociale et associative en Tunisie »8.
Le 20 février 2005, elle donne naissance, à 47 ans, à un fils prénommé Mohamed Zine el-Abidine2. Sa mère meurt le 21 avril 2008, ce qui la conduit à s'absenter pendant la visite d'État du président français Nicolas Sarkozy11.
Elle préside l'Organisation de la femme arabe dès le 1er mars 2009 pour une période de deux ans3. Lors du congrès de l'OFA tenu à Abou Dabi du 11 au 13 novembre 2008, elle propose la création d'une Commission de la femme arabe pour le droit international humanitaire qui voit le jour le 1er février 2010, à l'occasion de la célébration de la Journée de la femme arabe12. La proposition avait auparavant été adoptée lors de la quatrième réunion du Conseil supérieur de l'OFA tenue à Tunis le 25 juin 200913.
À l'occasion des élections présidentielles et législatives d'octobre 2009, l'opposition tunisienne et des journalistes étrangers comme Baudouin Loos perçoivent une exposition médiatique accrue de Leïla Ben Ali durant la campagne électorale : elle mène des meetings en soutien à la candidature de son mari pour une quatrième réélection et aurait occupé à cette occasion 14,12 % de l'espace consacré aux élections dans la presse tunisienne, devant l'ensemble de l'opposition14,15,16. Loos considère cette situation comme l'amorce d'une possible volonté de celle-ci de succéder à son mari, en raison notamment de la santé du président parfois considérée comme chancelante, ou de favoriser ses proches comme Mohamed Sakhr El Materi, son gendre élu député du Rassemblement constitutionnel démocratique, le parti au pouvoir, à l'occasion de ces élections16. La première dame chercherait dès lors à s'assurer la loyauté de l'entourage présidentiel : Abdelwahab Abdallah, ministre des Affaires étrangères, serait ainsi considéré comme son plus proche conseiller et elle serait décrite comme « plus puissante que n'importe quel ministre »16.
En mai 2010, elle est la seule personnalité tunisienne figurant parmi les « cinquante arabes les plus influents en 2010 », classement résultant d'un sondage réalisé par le mensuel The Middle East, magazine édité par l'éditeur de presse londonien IC Publications, fondé et dirigé par le Tunisien Afif Ben Yedder17 ; elle a été choisie pour sa fonction de présidente de l'OFA17.
Elle fonde en juillet 2010 l'association Saïda de lutte contre le cancer18.

Révolution et fuite en Arabie saoudite

À la suite de la révolution tunisienne de 2011 qui renverse le régime, Leïla Ben Ali accompagne son mari en exil en Arabie saoudite.

Distinctions

En mai 2000, Leïla Ben Ali reçoit le Prix mondial de la famille et, en août 2003, la Médaille d'or spéciale de l'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences, qui lui est remise « pour son rôle dans la promotion de la condition de la femme arabe »8. La fondation Ensemble pour la paix lui remet le prix « Paix 2005 », « en reconnaissance du profond humanisme dont elle se prévaut dans ses nombreuses initiatives »8. Le 12 août 2006, elle reçoit aussi le blason de l'Organisation mondiale des femmes chefs d'entreprise8.
Le 9 février 2008 lui est remis la distinction « Compagnon de Melvin Jones » de l'association internationale Lions Clubs alors que, le 25 mars de la même année, elle reçoit le Blason d'or de l'Organisation de la femme arabe8. Elle reçoit le 2 avril 2010, lors du treizième congrès de l'Union nationale de la femme tunisienne, l'écusson du Conseil libanais des femmes, remis par Aman Kabbara Chaarini, présidente de ce conseil19.

Influence familiale

Selon la sociologue Christine Messiant, son ascension au sommet du pouvoir a permis à certains membres de sa famille de s'impliquer graduellement dans plusieurs secteurs de l'économie tunisienne20. Pour Jean-Pierre Séréni du Monde diplomatique, Leila Ben Ali, dont les filles ont épousé quatre des plus riches héritiers du pays, symbolise pour l'opinion publique la rapacité de la famille présidentielle21.
Ainsi, son frère Belhassen Trabelsi, marié à la fille de l'ancien patron des patrons Hédi Djilani21 qui siège également au comité central du Rassemblement constitutionnel démocratiqueau pouvoir. Alya Abdallah, son amie selon Catherine Graciet, dirige la Banque de Tunisie dont Belhassen est membre du conseil d'administration22. L'infirmière de formation Najet Trabelsi, sa cousine, est directrice de l'hôpital Kheireddine de Tunis et députée, même si pour une colistière de cette dernière, il s'agit là « vraiment [d']une coïncidence »6. À l'instar deWassila Bourguiba, elle se transforme en acteur politique de premier plan, certains observateurs croyant discerner son influence derrière certaines promotions comme celle d'Abdelwahab Abdallah, mari d'Alya Abdallah2.

Lycée Pasteur de Tunis

Leïla Ben Ali serait à l'origine de la fermeture le 10 mai 2007 du Lycée Louis-Pasteur de Tunis, un lycée privé francophone dirigé par Mohamed Bouebdelli23,24, opposant politique ayant précédemment écrit un livre très critique sur le régime25. Elle aurait ainsi permis à son amie Souha Arafat, la veuve de l'ancien dirigeant palestinien Yasser Arafat, d'ouvrir un établissement privé international, l'International School of Carthage26. Les parents d'élèves du lycée Pasteur, appartenant pour la plupart à la grande bourgeoisie tunisoise, ont en vain rédigé une pétition24. Madeleine Bouebdelli, épouse de Mohamed Bouebdelli, a écrit une lettre à Nicolas Sarkozy en décembre de la même année où elle dénonce ce « népotisme » et cette atteinte à la francophonie, le lycée ayant travaillé en étroite collaboration avec l'Institut français de coopération24. L'affaire s'est terminée en brouille financière entre les deux femmes, selon Christophe Ayad, Leïla Ben Ali s'étant « fâchée » avec Souha Arafat, laquelle a dû alors quitter la Tunisie et s'installer à Malte24.

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