mercredi 2 février 2011

Aperçu général


Le site archéologique de Carthage, dispersé dans la ville moderne, est classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979. Dominé par la colline de Byrsa qui était le centre de la cité punique, il se distingue par la silhouette massive de la cathédrale Saint-Louis édifiée à l'emplacement présumé de la sépulture du roi Louis IX de France qui y mourut au cours de la huitième croisade. Pour l'anecdote, le roi Louis-Philippe Ier, qui descend de Louis IX, envoya un architecte à Carthage pour en trouver l'emplacement le plus précis. Au vu de l'impossibilité d'une telle mission, celui-ci choisit simplement le plus bel endroit. À proximité de la cathédrale, en face de cette tombe vide dont les restes ont été rapatriés en France, se trouvent les vestiges du plus important quartier de la ville dont il ne subsiste que quelques fondations et quelques fragments de colonnes.
Forte de son héritage historique, Carthage se développe et devient une vaste banlieue résidentielle de Tunis autour du palais présidentiel. Toutefois, le développement rapide de la ville moderne risquant de détruire à jamais les vestiges, de grands archéologues tunisiens ont alerté l'opinion5 et l'Unesco a lancé une vaste campagne internationale entre 1972 et 1992 afin de sauver Carthage. Ce tournant est parachevé avec le classement au patrimoine mondial.
La difficulté pour le visiteur réside aujourd'hui dans l'extrême dispersion des vestiges même si certains pôles peuvent être distingués.

Éléments dispersés[modifier]

Quartier punique de Byrsa
Sur le sommet de la colline de Byrsa, emplacement du forum romain, a été mis au jour un quartier d'habitation punique du dernier siècle d'existence de la ville, daté plus précisément du début du iie siècle6. L'habitat est typique et même stéréotypé, avec un local sur la rue pouvant être utilisé comme magasin, une citerne étant installée au sous-sol afin de récupérer l'eau destinée à l'utilisation domestique, et un long couloir sur le côté droit qui mène à une cour percée d'un puisard et autour de laquelle se succèdent de petites pièces en nombre variable. Non loin de la mer, une zone de la ville punique a été fouillée par des archéologues allemands. Ils y ont découvert un pan du rempart qui protégeait la cité auve siècle av. J.-C. ainsi que tout un quartier d'habitation dont ils ont pu décrypter l'évolution durant les deux siècles précédant la destruction de 146 av. J.-C.7.
Le théâtre du iie siècle a fait l'objet d'une importante restauration, les restes d'époque romaine étant très modestes. De l'édifice conçu pour accueillir 5 000 spectateurs ne subsistaient que de faibles ruines au début du xxe siècle, tant des gradins que de la scène ou du frons scaenae. À proximité du théâtre a été mise au jour une zone constituant de nos jours le parc dit des « villas romaines ». Il abrite, outre la célèbre « villa de la volière », du nom de la mosaïque principale qui la décore, de nombreux vestiges significatifs liés à la topographie des lieux.
Ruines des thermes d'Antonin
Les nécropoles puniques qui ont fait l'objet d'une identification, d'un nombre supérieur à 3 500, sont relativement disséminées dans la ville et forment une sorte d'arc de cercle au milieu duquel se situait l'habitat. Contrairement aux nécropoles puniques, celles de l'époque romaine se trouvaient hors des limites de la cité. Les fouilles récentes ont mis en évidence plusieurs cimetières, dont celui des officiales, réservé aux fonctionnaires de l'administration proconsulaire aux abords des citernes de La Malga8.
Partie du jardin du tophet de Carthage
Les thermes d'Antonin furent édifiés en bord de mer après un grand incendie qui ravagea la cité auiie siècle, plus précisément entre 145 et 1629. Des installations d'origine ne demeurent que quelques vestiges du rez-de-chaussée, constitué par les espaces de service, à proximité du rivage10.
De l'amphithéâtre d'une capacité de 30 000 personnes ne demeure que l'arène, le reste ayant disparu en raison des pilleurs de monuments qui ont sévi à Carthage pendant plus d'un millénaire. Un sort analogue a été réservé au cirque, ce dernier n'étant plus suggéré que par une longue dépression à proximité de Douar Chott.
Le tophet, situé non loin de deux lagunes dénommées l'une « port marchand »11 et l'autre « port militaire »12 constituant la trace des anciensports puniques, est un enclos sacré où les Carthaginois auraient sacrifié leurs enfants aux divinités protectrices Tanit et Ba'al Hammon selon une historiographie bien ancrée mais remise en cause par certains spécialistes, particulièrement Sabatino Moscati13.

Édifices religieux contemporains[modifier]

La mosquée El Abidine de Carthage, a été érigée au lieu-dit « La Colline de l'Odéon », sur un site d'une superficie de trois hectares14.
Mosquée El Abidine
Façade de l'ancienne cathédrale Saint-Louis
Elle doit son nom à celui de l'ancien président de la République tunisienneZine el-Abidine Ben Ali, qui l'a inaugurée le 11 novembre 200315. Bâtie sur une esplanade de 2 500 m2, elle comporte unminaret haut de 55 mètres et une salle de prière pouvant accueillir plus de 1 000 fidèles14.
La cathédrale Saint-Louis de Carthage, située au sommet de la colline de Byrsa, est une anciennecathédrale catholique aujourd'hui désaffectée pour le culte16. L'édifice est de style byzantino-mauresque16 en forme de croix latine et sa façade encadrée de deux tours carrées. Aux murs figurent les blasons des donateurs pour la construction de la basilique. Les vitraux sont aussi décorés d'arabesques. Édifiée entre 1884 et 1890, sous le protectorat français, la cathédrale devient primatiale d'Afrique lorsque le titre de primat d'Afrique est restauré au profit du cardinal Lavigerie.

Culture[modifier]

Le Festival international de Carthage est un événement culturel renommé qui est organisé chaque été au théâtre antique. Les Journées cinématographiques de Carthage, festival biennal de cinéma lancé en 1966 par le ministère de la Culture tunisien, se déroulent sans interruption depuis leur création17, en alternance avec les Journées théâtrales de Carthage.
Façade du Musée national de Carthage
Sur la colline de Byrsa, le Musée national de Carthage est situé dans les locaux occupés par les Pères blancs. Il permet au visiteur de se rendre compte de l'ampleur des installations de la ville aux époques punique puis romaine. Certaines des plus belles pièces trouvées dans les fouilles depuis le xixe siècle s'y trouvent, les autres étant présentées au Musée national du Bardo près de Tunis. À proximité immédiate, l'ancienne cathédrale Saint-Louis est désormais utilisée comme espace culturel et baptisée Acropolium. Elle accueille régulièrement expositions et concerts, notamment le festival Jazz à Carthage créé en 2005.
Parmi les autres institutions qui siègent à Carthage figure l'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts installée depuis 1983dans un ancien palais, propriété du général Zarrouk, ministre de la guerre de Sadok Bey, acquis en 1922 par Habib Bey et légué à Lamine Bey, dernier représentant de la dynastie husseinite18. L'Institut national des sciences et technologies de la mer, fondé en 1924, est un établissement public de recherche basé à Salammbô. Il possède un petit musée : le Musée océanographique de Salammbô.
En matière d'enseignement, la ville abrite quelques établissements renommés comme l'Institut des hautes études commerciales de Carthageet l'Institut supérieur des cadres de l'enfance. Le réseau éducatif compte aussi cinq écoles et quatre lycées19 dont le Lycée Carthage Présidence construit en 1952 et qui jouit d'une excellente réputation18.

Politique[modifier]

Le poste de président de la municipalité, équivalent de maire, est occupé depuis 2003 par Sami Tarzi. Il a sous sa responsabilité le secrétariat général et les différents services de l'administration municipale20. Parmi ses prédecesseurs figurent les anciens ministres Chedli Klibi (1963-1990) et Fouad Mebazaa (1995-1998)21.
L'hôtel de ville, construit au début du xxe siècle, regroupe les différents bureaux du Conseil municipal et de l'administration3. Les recettes du budget municipal sont le produit de taxes sur les immeubles bâtis, les terrains non bâtis et les entreprises, la taxe hôtelière et celle sur les spectacles ainsi que les contributions des propriétaires riverains22.
Vue du palais présidentiel depuis Sidi Bou Saïd
La Carthage moderne, outre sa vocation résidentielle, semble aussi devoir être investie d'un rôle politique de plus en plus affirmé, tant symbolique que de fait23notamment depuis l'édification récente de sa mosquée monumentale[réf. nécessaire]. Ce monument est un signe ostensible de la volonté du pouvoir de réhabilitation de l'islam dans la vie civile.
Le site de la ville avait d'abord été choisi au début du protectorat français pour y édifier la cathédrale, devenue ensuite primatiale d'Afrique, rappelant ainsi l'antériorité en terre africaine du christianisme sur l'islam. Carthage a ensuite accueilli un palais beylical d'été puis, après l'indépendance, le lieu de résidence officielle du président de la République tunisienne ; celui-ci, construit à l'origine par le président Habib Bourguiba, est situé sur le rivage, à proximité des thermes d'Antonin.
La configuration géographique du site de Carthage, en ancienne presqu'île, met la ville à l'abri des éventuels inconvénients et embarras de Tunis et accroît son attraction comme lieu de résidence auprès des élites24. Si Carthage n'est pas la capitale, elle tend à être un pôle politique, un « lieu de pouvoir emblématique » d'après Sophie Bessis25, réservant à Tunis les rôles administratifs et économiques.

Économie[modifier]

Carthage est une ville essentiellement résidentielle, donc dépourvue d'activités économiques significatives. Toutefois, le rayonnement culturel du site archéologique et le charme de certaines municipalités voisines contribuent à faire de Carthage une pièce maîtresse des circuits touristiques et un lieu d'excursion privilégié. Néanmoins, la ville est quasiment dépourvue d'infrastructures dans ce domaine ; l'absence de grandes plages, les plus proches étant situées plus au nord, en est sans doute l'une des causes.

Transport[modifier]

Quai de la gare de Carthage
Carthage est desservie par la ligne ferroviaire du TGM qui traverse la ville et la relie à La Goulette et Tunis au sud-ouest et Sidi Bou Saïd et La Marsa au nord. Six stations se trouvent sur son territoire : Carthage SalammbôCarthage ByrsaCarthage DermechCarthage Hannibal,Carthage Présidence et Carthage Amilcar26.
Diverses lignes de bus de la Société des transports de Tunis relient la ville à d'autres points de l'agglomération comme l'Ariana et Tunis26.

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