dimanche 30 janvier 2011


Électricité[modifier]

La grande majorité de l’électricité du pays est produite à base d’énergies fossiles (97 % de la capacité totale), le résidu étant produit à partir d’énergie hydroélectrique et éolienne. Le pays dispose en 2003 d’une capacité totale de 2 900 MW alors que la consommation atteint 10,76 milliards de kilowatts-heure contre 10,03 en 200293.
Jusqu’en 1996, la STEG disposait d’un monopole sur la production, la distribution et la facturation de l’électricité mais assure encore en 2006 près de 80 % de la production93. En 2002, la première centrale indépendante propriété de la Carthage Power Company (consortium regroupant désormais la BTU Power et la Marubeni Power Holdings BV), fonctionnant au gaz naturel et au fuel, est mise en service à Radès. Dans le même temps, le gouvernement cherche à développer les énergies renouvelables. Il annonce ainsi en mai 2003 l’installation de 12éoliennes au champ existant à El Haouaria afin de porter la capacité de production à 20 MW.
Au niveau régional, la Tunisie s’implique dans le projet transmaghrébin de connexion des divers réseaux de distribution du Maghreb à ceux de l’Espagne et du reste de l’Union européenne93. La connexion avec le réseau algérien existe déjà et celle avec le réseau libyen est en cours.

Commerce extérieur de la Tunisie[modifier]

Intégration internationale[modifier]

Exportations de la Tunisie en 2005 (sources : Banque centrale de Tunisie95)
Importations de la Tunisie en 2005 (sources : Banque centrale de Tunisie95)
Le principal partenaire économique de la Tunisie est l’Union européenne avec 64,3 % du total des importations et 76,9 % du total des exportations en 2006 : la France est le premier exportateur vers la Tunisie avec 22,8 % de parts de marché, devant l’Italie (18,7 %) et l’Allemagne (7,9 %)95, et reçoit 32,3 % des exportations réalisées par la Tunisie qui occupe une position remarquable dans le commerce extérieur français en étant son 21e client et son 23e fournisseur. En février 2008, les responsables patronaux français et tunisiens, Laurence Parisot et Hédi Djilani, signent un accord afin d’accroître encore davantage la coopération économique et les échanges entre les deux pays, ceux-ci étant passés de moins de deux milliards d’euros en 1995 à sept milliards en 200796. La Tunisie a également conclus des accords bilatéraux de libre-échange avec le Maroc, la Jordanie, l’Égypteet la Turquie.
La France est également le pays qui verse la plus grande partie des aides reçues par la Tunisie (environ dix euros par habitant). Au cours de la dernière décennie, et jusqu’à fin 2002, les concours français concessionnels ont atteint, sur un rythme annuel de 73 millions d’euros, un volume d’environ un milliard d’euros. Sur la période récente, la France fournit la moitié des flux bilatéraux reçus par la Tunisie, soit les trois-quarts de l’aide publique au développement (APD) en provenance de l’Union européenne et le quart de l’APD totale. À côté des aides bilatérales, la France participe à hauteur d’environ 18 % aux programmes d’aide financés par l’Union européenne et notamment les projets inscrits sur les lignes du programme MEDA (Programme de coopération pour le partenariat euro-méditerranéen) (412 millions d’euros sur le fonds MEDA pour 2000-2004) dont la Tunisie capte 15 % des ressources destinées au bassin méditerranéen16.
La balance commerciale de la Tunisie en 2008 se présente de la manière suivante :
Balance commerciale de la Tunisie
ProduitsImportations (millions de dinars)Exportations (millions de dinars)
Produits agricoles et alimentaires de base2 296,71 244,3
Produits énergétiques4 913,84 079,9
Produits miniers et phosphates1 730,83 151,7
Autres produits intermédiaires11 286,74 324,5
Produits d’équipement7 249,23 094
Autres produits de consommation2 7647 742,6
Total30 242,123 637
Sources : Institut national de la statistique97,98

Investissements étrangers[modifier]

Évolution du nombre d’entreprises étrangères de 2001 à 2007 (sources : Agence de promotion de l’investissement extérieur99)
Dans ce contexte, la Tunisie accorde une importance particulière aux investissements directs à l’étranger (IDE) en tant que complément aux investissements intérieurs et compte tenu de leurs contributions à la réalisation des objectifs nationaux (exportations,emplois, apports de transfert technologique, etc.) Le pays est considéré comme un « site d’investissement » depuis 1994 par diverses agences internationales de notation. En 1995, l’Agence de promotion de l’investissement extérieur est créée sous la tutelle du ministère du Développement et de la Coopération internationale. L’agence, qui dispose de cinq bureaux à l’étranger (ParisBruxelles,LondresCologne et Milan), est chargée de la promotion de l’image du pays, la création de contacts directs avec des entreprises ciblées par le biais de salons et de foires spécialisées, le suivi des entreprises à travers des rencontres annuelles et l’amélioration de l’attractivité nationale par l’identification des difficultés rencontrées et la proposition de solutions adaptées.
En 2007, les IDE se montent à 1,23 milliard d’euros mais à 406 millions si l’on exclut les hydrocarbures et les privatisations100. Les flux d’investissements étrangers représentent 19,1 % de l’investissement productif tunisien, 4,8 % du PIB, 45 % des entrées de capitaux extérieurs et 24 % des créations d’emploi101. Dans le domaine industriel, les IDE européens sont passés de 50 millions de dinars en 1996 à 400 millions en 200727. En 2006, les investissements croissent principalement dans les secteurs de l’énergie (+143,7 %) et de l’agriculture (+ 103,9 %) mais enregistrent un repli de 16,4 % dans les services autres que le tourisme et l’immobilier.
Les entreprises à majorité européennes opèrent essentiellement dans les secteurs de l’énergie, du tourisme, de l’immobilier et de l’industrie textile. Selon le rapport 2008 de l’Agence de promotion de l’investissement extérieur101, les États-Unis, le Portugal et l’Allemagne se distinguent en 2007 avec un accroissement respectif de leurs IDE de 176,3 %125,2 % et101,3 %. Au niveau du classement général et si l’on exclut le secteur énergétique, la France continue d’occuper la tête du classement (92 millions d’euros injectés en 2007 dont 76 % dans l’industrie, 16,8 % dans l’énergie, 3,7 % dans les services, 1,9 % dans le tourisme et 1,6 % dans l’agriculture96) devant l’Italie et l’Allemagne. Plus de 1 000 entreprises françaises sont implantées en Tunisie, contre 400 en 1995, constituant la moitié des implantations étrangères et le premier pourvoyeur étranger d’emplois avec près de 100 000 postes96. Ces entreprises agissent notamment dans les secteurs textile (LacostePetit BateauChantelleAubade et Lafuma entre autres), mécanique, électrique et électronique (AutolivValeo,LabinalSagemAlcatel-Lucent ou encore Bull) ; ce secteur connaît une croissance importante dans la seconde moitié des années 2000, devenant le premier secteur d’investissement tous pays confondus, tout comme le secteur aéronautique et spatial avec l’arrivée de EADS Sogerma et Latécoère96.
Toutefois, secteur énergétique compris, la France se fait devancée par le Royaume-Uni (471 millions d’euros), les États-Unis (128 millions) et l’Italie (103 millions)100 alors que la Chineet surtout les pays du Moyen-Orient, dont les Émirats arabes unis, tendent aussi à gagner des places.

Apport des Tunisiens résidant à l’étranger[modifier]

La Tunisie est un pays qui connaît un fort taux d’émigration : le nombre de Tunisiens résidant à l’étranger est évalué à 885 000. 83 % d’entre eux résident en Europe. Leurs transferts monétaires au pays se sont multipliés par 4,5 au cours de la période 1987-2005. Au cours des cinq dernières années, les transferts (5 % du PIB) sont, en moyenne, de 1 611 000 dinars, ce qui permet à l’économie nationale d’en tirer profit dans la mesure où cela représente 22,7 % de l’épargne nationale, soit l’un des quatre premiers secteurs fournissant des devises. Les 42 000 Tunisiens résidant en Allemagne fournissent à eux seuls plus de 50 millions d’euros chaque année102.
Les Tunisiens résidant à l’étranger investissent, au cours de la période 2001-2005, 78 millions de dinars dans 1 730 projets fournissant quelques 7 700 emplois. Toutefois, la moyenne annuelle des projets créés au cours de cette période est en diminution en passant à 346 contre 362 pour la période 1996-2000. Pour Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale, « la contribution des Tunisiens à l’étranger dans l’effort de développement devrait être plus importante ».

Stratégie de coopération de la Banque mondiale[modifier]

Répartition des opérations de prêt de la Banque mondiale de 1962 à 2005 (sources : Banque mondiale103)
La Tunisie est devenue membre de la Banque mondiale en 1958. Depuis, et jusqu’en juillet 2005, la Banque mondiale a financé 128 opérations dans le pays avec une promesse initiale totale de 5,47 milliards de dollars.
En juin 2004, la Banque mondiale adopte une stratégie de coopération pour la période juillet 2004-juin 2008 (exercices budgétaires 2005-2008) qui propose d’aider le gouvernement tunisien à atteindre les trois objectifs stratégiques suivants :
  • renforcer l’environnement des affaires, soutenir le développement d’un secteur privé plus compétitif et plus intégré internationalement et améliorer la compétitivité de l’économie tunisienne ;
  • améliorer les qualifications et l’employabilité des diplômés et de la population active dans la « société du savoir » ;
  • améliorer la qualité des services sociaux grâce à une plus grande efficacité des dépenses publiques.
La stratégie de coopération (structure organisationnelle des études analytiques, des opérations de prêts et du dialogue) met ainsi l’accent sur trois grands objectifs : consolidation du développement à long terme, appui aux réformes économiques et appui aux nouvelles initiatives adoptées en 2000 (CAS 2000). Car la Banque mondiale estime que les principaux objectifs de la CAS 2000 étaient :
  • appuyer le développement humain en consolidant le développement à long terme par l’amélioration de la qualité de l’éducation de base et de la qualité des soins et par la consolidation du développement municipal et urbain ;
  • l’intégration de la Tunisie aux marchés de l’Union européenne en appuyant les réformes économiques (renforcement du secteur financier et libéralisation des télécommunications) ;
  • de nouvelles initiatives pour moderniser le cadre institutionnel et technologique (promotion du développement des exportations par la facilitation du commerce et la préservation du patrimoine culturel et diversification des produits touristiques).

Données sociales[modifier]

Indicateurs sociaux
Législation du travail
Travail
SMIG (40 heures)
SMIG (48 heures)
235,040 dinars
272,480 dinars
Durée hebdomadaire du travail40 à 48 heures
Congés payés annuels12 jours
Retraite
Âge de la retraite60 ans
Pension de vieillesse40 % du salaire moyen de référence
Sources : Jurisite Tunisie104
La taille de la classe moyenne est souvent mise en avant par le gouvernement pour illustrer la justesse de ces choix économiques alors que les programmes sociaux absorbant 14,1 % du budget national en 1999105 ont permis de réduire la part de ménages en dessous du seuil de pauvreté de près de 30 % en 1960 à 6 % en 1995106et 3,8 % en 2008107 avec l’appui du Fonds de solidarité nationale et de la Banque tunisienne de solidarité107. Par ailleurs, plus de 80 % des Tunisiens possèdent leur logement mais, si l’on prend en compte les revenus et lepouvoir d'achat, il semble que la classe moyenne s’amenuise de façon imperceptible au cours des années 2000selon Hacine Dimassi, professeur d’économie à l’Université de Sousse :
« Cela n’apparaît pas clairement pour deux raisons : les Tunisiens ont de plus en plus tendance à multiplier les petits emplois, quitte à avoir des journées de forçat, et ils vivent à crédit108. »
Parmi les facteurs dont le coût augmente, l’eau, le téléphone ou l’électricité, sur lesquels la TVA est de 16 %, l’alimentation, qui a fait un bond de 10 % entre 2007 et 2008 ou l’essence augmentée à huit reprises depuis 2006, soit de 40 %108. Dans ce contexte, le coefficient de Gini, calculé sur la distribution des dépenses deconsommation des ménages, s’est maintenu aux environs de 0,40 (légère concentration des revenus) et les parts de dépenses de chacun des deux déciles les plus pauvres n’ont augmenté que marginalement au cours desannées 1990109.
Entre 1990 et 1995, le coefficient pour le milieu urbain s’est légèrement détérioré mais celui pour le milieu rural est demeuré inchangé. À l’inverse, entre 1995 et 2000, le coefficient s’est légèrement détérioré en milieu rural tout en demeurant inchangé en milieu urbain. L’enquête nationale sur le budget et la consommation des ménages menée en 2000 montre que les20 % des Tunisiens les plus riches comptent pour 47,3 % de la consommation totale alors que les 20 % les plus pauvres ne représentent que 6,9 % du total de la consommation109. De plus, la dépense moyenne des 10 % les plus riches représente six fois celle des 10 % les plus pauvres. Par ailleurs, la dépense moyenne par personne des 10 % les plus riches dugouvernorat de Tunis représente 11,4 fois la dépense moyenne par personne des 10 % les plus pauvres vivant dans le centre-ouest du pays. Ce ratio explique en partie les raisons du flux migratoire de l’intérieur du pays vers les régions côtières109.
Une nouvelle culture du crédit a fait son apparition au début des années 2000. Elle est marquée par un rapide changement de comportement des Tunisiens qui adoptent un mode de consommation plus proche de celui des pays développés. Le logement représente encore la principale source d’endettement. Alors que 80 % des Tunisiens sont propriétaires, le remboursement des crédits immobiliers pèserait près de 40 % du revenu des ménages selon la presse locale110. Toutefois, les prêts à la consommation enregistrent une forte progression en 2006 et soutiennent un taux record en matière de dépenses ménagères. Ainsi, les Tunisiens recourent de plus en plus au crédit pour des biens tels que l’électronique, les produits ménagers ou l’ameublement. La quasi-totalité des commerces offre dans ce cadre des plans de remboursement à long terme et certains magasins signalent que plus de 80 %de leur clientèle ont recours au crédit pour effectuer leurs achats110. Selon les chiffres publiés par la Banque centrale de Tunisie en septembre 2006, le nombre total de crédits à la consommation aurait doublé depuis 2003 et totaliserait 3,95 milliards de dollars110. Le total de la population active endettée totaliserait 668 000 personnes en 2006, contre 50 000 en 2003, pour une population totale d’environ dix millions d’habitants110.

Soupçons de népotisme[modifier]

Depuis le début des années 1990, de nombreuses voix accusent un certain nombre de personnes proches du couple présidentiel de prendre le contrôle de plusieurs secteurs du tissu économique108,111. Ainsi, Belhassen Trabelsi, frère de la première dame Leïla Ben Ali, a créé sa propre compagnie aérienne, Karthago Airlines, qui s’est vue attribuer indirectement les activités de fret, de charter et de catering de la compagnie publique Tunisair, notamment par le biais d’une société dirigée par Slim Zarrouk (gendre du président)112. Sa société mère, legroupe Karthago, possède également une série d’hôtels à DjerbaSousseHammamet et Sidi Bou Saïd.
Il est toutefois très difficile d’évaluer l’étendue de ces activités sur l’économie tunisienne, les techniques de dissimulation et les artifices illicites — société écranblanchiment d’argent et prête-nom — permettant en général d’effacer toute trace.

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