vendredi 25 février 2011

De la Carthage punique à la Carthage romaine


L’entrée de la Tunisie dans l’histoire se fait par l’expansion d’une cité issue d’une colonisation proche-orientale36. La Tunisie accueille progressivement une série de comptoirs phéniciens comme bien d’autres régions méditerranéennes. Le premier comptoir selon la tradition est celui d’Utique37, qui date de 1101 av. J.-C38. En 814 av. J.-C., des colons phéniciens venus de Tyr39 fondent la ville de Carthage40. D’après la légende, c’est la reine Élyssa (Didon pour les Romains), sœur du roi de Tyr Pygmalion, qui est à l’origine de la cité41.
Ouverte sur la mer, Carthage est également ouverte structurellement sur l’extérieur. Un siècle et demi après la fondation de la ville, les Carthaginois ou Puniques étendent leur emprise sur le bassin occidental de la mer Méditerranée. Cette présence prend diverses formes, y compris celle de lacolonisation40, mais reste d’abord commerciale42 (comptoirs de commerce, signature de traités, etc.) La mutation vers un empire plus terrestre se heurte aux Grecs de Sicile puis à la puissance montante de Rome40 et de ses alliés massaliotes, campaniens ou italiotes. Le cœur carthaginois qu’est la Tunisie, à la veille des guerres puniques, possède une capacité de production agricole supérieure à celle de Rome et de ses alliés réunis, et son exploitation fait l’admiration des Romains.
La lutte entre Rome et Carthage prend de l’ampleur avec l’essor des deux cités : ce sont les trois guerres puniques, qui faillirent voir la prise de Rome mais se conclurent par la destruction de Carthage, en 146 av. J.-C., après un siège de trois ans42. À l’issue de la Troisième Guerre punique, Rome s’installe sur les décombres de la ville40. La fin des guerres puniques marque l’établissement de la province romaine d’Afrique dont Utique devient la première capitale, même si le site de Carthage s’impose à nouveau par ses avantages et redevient capitale en 1440,43. En 44 av. J.-C.Jules Césardécide d’y fonder une colonie romaine, la Colonia Julia Carthago44, mais il faudra attendre quelques décennies pour qu’Auguste lance les travaux de la cité45.
Capitole de Dougga
La région connaît alors une période de prospérité où l’Afrique devient pour Rome un fournisseur essentiel de productions agricoles33, comme le blé et l’huile d’olive45, grâce aux plantations d’oliviers chères aux Carthaginois40. La province se couvre d’un dense réseau de cités romanisées dont les vestiges encore visibles à l’heure actuelle demeurent impressionnants : il suffit de mentionner les sites deDougga (antique Thugga), Sbeïtla (Sufetula), Bulla RegiaEl Jem (Thysdrus) ou Thuburbo Majus.
Mosaïque représentant Virgile entouré de deux muses
Partie intégrante de la République puis de l’empire avec la Numidie40, la Tunisie devient pendant six siècles le siège d’une civilisation romano-africaine d’une exceptionnelle richesse, fidèle à sa vocation de « carrefour du monde antique ». La Tunisie est alors le creuset de l’art de la mosaïque, qui s’y distingue par son originalité et ses innovations45. Concurrents des dieux romains, des dieux indigènes apparaissent sur des frises d’époque impériale, et le culte de certaines divinités, Saturne et Caelestis, s’inscrit dans la continuité du culte voué par les Puniques à Ba'al Hammon et à sa parèdre Tanit46. Le « carrefour du monde antique » voit aussi l’installation précoce de communautés juives44 et, dans le sillage de celles-ci, des premières communautés chrétiennes.
L’apogée du iie et du début du iiie siècles ne va toutefois pas sans heurts40, la province connaissant quelques crises au iiie siècle av. J.-C. : la répression de la révolte de Gordien en 238 la frappe47 ; elle subit de même les affrontements entre usurpateurs au début du ive siècle. La province est l’une des moins touchées par les difficultés que connaît l’Empire romain entre 235 et le début du ive siècle. Avec la Tétrarchie, la province recouvre une prospérité que révèlent les vestiges archéologiques, provenant tant de constructions publiques que d’habitations privées. Cette époque est aussi le premier siècle du christianisme officiel, devenu religion licite en 313 et religion personnelle de l’empereurConstantin40.

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