jeudi 3 février 2011


Traitement[modifier]

Tabac en train de sécher au soleil. Nord-ouest de l'Iran.
Les feuilles de tabac récoltées, sont séchées pour éliminer plus de 90 % de leur eau. Les tabacs en feuilles sont classés selon leur variété ou leur mode de séchage :
  • sun-cured, tabacs orientaux séchés au soleil ;
  • flue-cured, tabacs type Virginie séchés à l'air chaud, très appréciés ;
  • fire-cured, tabacs noirs type Kentucky séchés au feu ;
  • dark air-cured, tabacs noirs séchés à l'air, goût français ;
  • light air-cured, tabacs clairs type White Burley séchés à l'air naturel, goût américain ;
S'ensuit soit un stockage pour les tabacs fire-cured ou certains light air-cured, soit une fermentation pour favoriser la volatilisation de la nicotine et de l'ammoniac.

Commercialisation[modifier]

Tabac blond type Virginie
La consommation extensive du tabac dans le monde a engendré la constitution de majors d'industrie puissantes.
Le premier producteur mondial de tabac est le monopole chinois China National Tobacco Corporation.
Plus de 70 % du marché hors Chine est réalisé par quatre multinationales aux diverses marques. Ce sont, dans l'ordre décroissant de chiffre d'affaires :
Le marché des pays occidentaux développés étant arrivé à un plateau, les efforts commerciaux des industries du tabac se focalisent sur les pays en voie de développement.

Histoire[modifier]

Fleurs et fruits du tabac
Article détaillé : Histoire de la culture du tabac.
Christophe Colomb, en découvrant l'Amérique en 1492, constate que les Indiens utilisent le tabac pour ses propriétés magiques et médicamenteuses. André Thevet en ramena des graines et c'est ainsi que le tabac commença sa culture en Europe.

Étymologie[modifier]

Le mot tabac, désignant à l'origine, pour les européens, à la fois la plante et le cigare confectionné avec ses feuilles, vient de l'espagnoltabaco, lui-même emprunté à un mot arawak désignant une sorte de pipe, un instrument à deux tuyaux. Il est attesté sous sa forme espagnole depuis la première moitié du xvie siècle. Les Arawaks, ensemble de peuplades amérindiennes des Antilles et d'Amazonie, possédaient donc probablement un autre mot pour désigner la plante que nous appelons tabac (digo selon l'archeologue Benoît Bérard) ; ce mot est apparu en espagnol par glissement sémantique, le contenant (pipe, instrument) finissant par désigner le contenu (feuilles séchées de la plante) puis la plante elle-même.

Origine en Amérique latine[modifier]

La culture du tabac trouve son origine en Amérique, il y a plus de 500 ans. Lorsque Christophe Colomb rencontre les Amérindiens, ceux-ci pour se soigner roulent des feuilles de tabac jusqu'à obtenir une sorte de grand cigare qu'ils appellent « tabaco »2.
Dans leur calumet brûle également un mélange de plusieurs herbes dont le tabac.
À la même époque, comme le tabac n'existe pas en Europe, les Romains et les Grecs, qui fumaient la pipe, emploient des feuilles d'autres végétaux tels que le poirier3. Divers travaux ont aussi postulé la consommation de nicotine dans l'Égypte antique, mais sans parvenir à une conclusion claire à propos de son origine.

Débuts en Europe[modifier]

Esclaves travaillant dans un atelier de production de tabac. 1670, Virginie.
En 1492, lors de son expédition en Amérique, Christophe Colomb découvre le tabac4 et le rapporte en Europe, à la Cour espagnole et portugaise, où il est pendant longtemps utilisé comme simple plante d'ornement. Ce n'est qu'au milieu du xvie siècle que le médecin personnel de Philippe II d'Espagne commence à le promouvoir comme « médicament universel ». La première description écrite serait le fait de l'historien espagnol d'Oviedo.
Il sera introduit en France en 1556 par un moine cordelier, André Thévet qui au retour de son séjour au Brésil, en fit la culture dans les environs de sa ville natale d'Angoulême. On l'appelle alors « herbe angoulmoisine » ou « herbe pétun ».
Dès 1775, les premiers soupçons de relation entre tabac et cancer sont exprimés5.

Débuts en France[modifier]

En 1560, l'ambassadeur de François II au Portugal, Jean Nicot, se basant sur l'effet curatif du tabac des rituels indiens, envoie de la poudre à la Reine Catherine de Médicis afin de traiter les terribles migraines de son fils François II. Le traitement a du succès et le tabac devient ainsi « l'herbe à la Reine ». Sa vente sous forme de poudre est réservée aux apothicaires. Pour honorer Jean Nicot, le duc de Guise proposa d'appeler cette herbe nicotiane. Cette proposition fut retenue par le botaniste Jacques Daléchamps qui dans son livre Histoire générale des plantes6 au chapitre "Du Petum ou Herbe à la Reine" l'illustre d'une gravure intitulée Nicotiane ou Tabacum, terminologie reprise ensuite par Linné pour créer son binôme7. La plante reçut de très nombreux noms parmi lesquels on peut citer « nicotiane », « médicée », « catherinaire », « herbe de Monsieur Le Prieur », « herbe sainte », « herbe à tous les maux », « panacée antarctique » et finalement « herbe à ambassadeur ».
C'est à la fin du xvie siècle qu'apparaît le mot « tabac » : la première illustration botanique en est donnée par Nicolas Monardes en 1571. En 1575André Thevet donne un "pourtrait de l'herbe Petum ou Angoulmoisine" dans sa Cosmographie universelle (t II, livre XXI, chap VIII).
À la même époque, est publié un des premiers traités sur le tabac, vu alors comme une plante médicinale : L'instruction sur l'herbe petum (1572) par Jacques Gohory.
Le Cardinal de Richelieu instaure une taxe sur la vente de tabac en 1621. Colbert fit de sa production et de son commerce un monopole royal et à l'époque la production nationale est la plus développée d'Europe, avec des plantations dans l'Est, le Sud-Ouest, ainsi que dans les 4 îles des Antilles les plus peuplées : Saint-ChristopheMartiniqueGuadeloupe et Saint-Domingue 8.

La Ferme du tabac créée sous Louis XIV en 1674[modifier]

Jeune plante de tabac
À la demande de Louis XIV, Colbert établit un « Privilège de fabrication et de vente » en 1674, l'année de la création de la Compagnie du Sénégal. Les premières Manufactures des tabacs sont fondées à MorlaixDieppe et Paris. Le privilège est d'abord concédé à des particuliers dont le premier est Madame de Maintenon9 qui le revend, puis à la seule Compagnie des Indes, au moment où celle-ci doit se retirer du commerce du sucre, relevant alors directement du roi et des ports qu'ils souhaitent favoriser.
La culture du tabac devient un monopole et rapidement les gouvernants voient les rentrées d'argent qu'ils peuvent espérer des taxes sur le tabac. Ces taxes augmentent le prix de vente, tandis que la recherche d'un bénéfice rapide dicte un faible prix d'achat aux planteurs, à une époque où les rois souhaitent remplacer la culture du tabac aux Antilles par celle du sucre, beaucoup plus rentable, à l'image de ce qui s'est passé sur l'île de la Barbade britannique.
Plus que le monopole, c'est la stratégie de prix de vente et d'achats qui modifie alors en profondeur la production mondiale de tabac.
La contrebande se développe sur les côtes, en particulier sur l'île de Noirmoutier, et le nouveau monopole doit installer des acheteurs dans les ports d'Amsterdam et Liverpool, pour acheter le tabac des Antilles françaises, puis le tabac de Virginie, beaucoup moins cher, auquel les consommateurs prennent goût, et qui prend son essor8.

La Virginie grande zone de production mondiale au XVIIIe siècle[modifier]

Champ de tabac
Les planteurs de Virginie commencent à importer des esclaves grâce à la Compagnie royale d'Afrique, créée en 1672. En trente ans, les importations françaises font plus que tripler, passant de 20 % à 70 % de la consommation intérieure de tabac. La Virginie représente à elle seule 60 % des importations françaises8. En échange, la monarchie anglaise tente d'empêcher les raids de flibustiers anglais sur les îles à sucre françaises.
Cette politique subit cependant un coup d'arrêt à la fin du siècle lorsque les taxes sur l'exportation du tabac anglais augmentent de 150 %. En 70 ans, elles quadruplent, mais sans gêner encore la position dominante déjà acquise sur le marché8. Le port de Londres, qui a le monopole d'importation depuis 1624, a les moyens de rendre cette filière compétitive.
Dès le milieu du 18e siècle, la Virginie contrôle l'essentiel du marché mondial. L'autre grand producteur est la colonie voisine du Maryland, également soutenue par la dynastie Stuart.
Afin de maîtriser les flux, la culture du tabac est prohibée dès 1719 dans toute la France, avec des condamnations qui peuvent aller jusqu'à la peine de mort. Exceptions : la Franche-Comté, la Flandre et l'Alsace. Elle le restera jusqu'en 1791.
En 1809Louis-Nicolas Vauquelin, professeur de chimie de l'École de Médecine de Paris, isole un principe actif azoté des feuilles de tabac. Lanicotine, quant à elle, sera identifiée quelques années plus tard.
La cigarette est introduite en France vers 1825.

Consommation[modifier]


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